Un site d’annonces coquines qui fait de la prévention

Article paru sur letemps.ch le 30 octobre 2018

Les associations de soutien aux travailleurs du sexe Fleur de pavé et Aspasie lancent la première plateforme d’annonces érotiques gratuite en Suisse. Particularité: la prévention tient une place importante

«Call me to play» («Appelle-moi et jouons ensemble»): c’est le nom évocateur de la plateforme gratuite d’annonces érotiques lancée mardi par les associations Fleur de pavé et Aspasie, actives auprès des travailleuses du sexe, l’une à Lausanne, l’autre à Genève. Un énième site racoleur? Pas tout à fait. Son concept est novateur en raison de la gratuité des annonces et de l’accent mis sur la prévention, à l’attention des prostituées, clients et gérants d’établissements.

A l’origine, un constat des associations: internet est devenu un outil central pour pratiquer la prostitution. «Le travail du sexe est de plus en plus éclaté géographiquement et pluriel (occasionnel, estudiantin, à domicile), a expliqué la directrice de Fleur de pavé, Silvia Pongelli, en présentant le projet né en 2016. Nous perdons vite contact avec les prostituées, ce qui nous préoccupe.»

Un métier à humaniser

Concrètement, tout travailleur du sexe majeur peut se créer un profil sur Callmetoplay.ch où il peut évoquer ses loisirs et qualités. Une manière «d’humaniser et de déstigmatiser» ce métier, a souligné Zoé Blanc-Scuderi, coresponsable du projet. Les photos peuvent être certifiées pour éviter pièges et abus (chantage, faux profils). Comment s’assurer qu’aucun mineur ne s’inscrive? Une personne examinera chaque nouveau profil et les vérifiera ensuite régulièrement. L’anonymat des clients est «garanti», aucun compte ne devant être ouvert.

Pour briser l’isolement des prostituées, celles-ci peuvent échanger sur le Forum Escort. Les clients peuvent, eux, s’exprimer sur le forum public. Autres spécificités de la plateforme: le rappel du cadre légal en Suisse, les démarches administratives, les risques sanitaires liés aux différentes pratiques sexuelles, des conseils médicaux, des liens vers des services de santé et des associations de soutien. «Le but n’est pas d’être moralisateur, mais de prévenir les risques et dangers liés à la pratique de la prostitution», dit Silvia Pongelli.

Devenir leader

Disponible en français, anglais, espagnol, hongrois et roumain, le site vise un large public actif dans le milieu. En Suisse romande d’abord, puis outre-Sarine. Pour l’instant, il compte une dizaine de profils. Les associations espèrent attirer des utilisateurs des principaux sites romands payants, qui totalisent près de 2000 annonces. Elles doivent maintenant promouvoir ce nouvel «outil» auprès des prostituées, sur le terrain, par téléphone et SMS. Le projet a été soutenu par l’Office fédéral de la santé publique, Fedpol et la Coordination romande des antennes sida (CoRom).

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