Travailleur-se-x-s du sekse victimes de violences seksuelles : tous-te-x-s concerné-e-x-s ! 🗓

Illustration de ®Madame_Marilou.

Texte écrit en collaboration avec Viol-Secours, Piti Pietru et Aspasie.

« Aucune femme ne devrait être une cible » Simone de Beauvoir

Ces mots résonnent avec force face aux violences sexistes et seksuelles qui continuent de frapper les travailleur-se-x-s du sekse et les femmes* en général. En première ligne d’un combat brutal contre le patriarcat, iel-x-s subissent une violence exacerbée, amplifiée par la stigmatisation et le mépris qui entourent leur métier, ce qui semble, pour certains agresseurs, leur donner un droit tacite de transgresser toutes les limites.

Le métier des personnes exerçant le travail du sekse devient une excuse pour banaliser ces agressions. Pourtant, ces violences ne sont pas inhérentes à leur profession, mais reflètent les mêmes dynamiques sexistes et discriminatoires que celles subies par l’ensemble des femmes*, ainsi que par les hommes gays, victimes de violences perpétrées par d’autres hommes.

En ciblant les personnes qui travaillent dans le domaine du sekse, ces violences s’expriment avec une brutalité exacerbée, car elles touchent des individus déjà marginalisés. Cette surexposition n’est pas un hasard. Les travailleur-se-x-s du sekse se retrouvent en première ligne dans un combat qui concerne toutes les femmes*. Iel-x-s sont les premièr-e-x-s subir les effets d’une culture du vi0l omniprésente, d’une impunité systémique et d’un mépris profondément enraciné dans la société.

Rangé-e-x-s dans la catégorie « p*te » et à l’intersection d’autres discriminations (genre, race, classe), iel-x-s ne peuvent pas jouir du statut de « bonne victime », et partent avec une longueur de retard dans la course à la crédibilité face à la justice et à la société lorsqu’iel-x-s sont victimes de violence. Le slutshaming et la putophobie touchent toutes les femmes*, mêmes celles qui ne sont pas travailleuses du sekse.

Comme dirait Marina Rollman (voir source en caption) :

  • « Tu gagnes ton blé tu veux pas de gosse : t’es une p*te
  • T’as des gosses mais tu les vois pas beaucoup parce que t’as de l’ambition professionnelle donc tu travailles énormément : t’es une p*te
  • Tu enchaînes les partenaires seksuels sans désir de relation : t’es un p*te
  • Tu veux pas de relation seksuelle : t’es une p*te
  • Tu te fais payer des trucs : t’es une p*te
  • Et t’es une p*te, bah t’es une p*te !

Vous savez quoi, en fait j’ai fait les calculs, on est toutes des p*tes ! Il serait donc temps de montrer un peu de solidarité avec les collègues. ».

Leur lutte est universelle : les violences qu’iel-x-s subissent révèlent que la société patriarcale affecte toutes les femmes*. La culture du vi0l est présente dans toutes les sphères et se situe à l’intersection de différentes réalités sociales. Aussi, les vi0ls commis sur des travailleur-se-x-s du sekse sont les mêmes que ceux commis sur toutes les victimes de violences seksuelles : Ce sont des violences.

« Le viol concerne la violence pas le sekse. Si tu te prends un coup de pelle t’appelle pas ça du jardinage. »

Ce n’est pas parce que les organes seksuels sont impliqués, qu’il s’agit du même acte. N’en déplaise aux mouvements néo-abolitionnistes qui poursuivent l’objectif d’abolir la prostitution, les travailleursexs du sekse sont tout à fait capables de distinguer ce qui relève d’un vi0l et ce qui relève d’actes seksuels réalisés dans le cadre d’une prestation professionnelle. Ce qui les distinguent ? Le consentement.

Nous pensons que l’erreur est de constamment mettre au cœur des débats le comportement des victimes de violences seksuelles plutôt que celui de leurs agresseurs. Les agresseurs sont dans toutes les sphères sociales, il n’existe aucun “profil d’agresseur”, ça peut être le “bon père de famille”, l’ami, le frère, le fils, l’amant, le mari… Leur seul point commun c’est qu’à 96 % il s’agit d’hommes cisgenres.

Pour cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleursexs du sexe, Aspasie et Viol-Secours portent ensemble des revendications communes pour lutter contre les violences seksuelles :

  • Valoriser le travail en réseau qui permet aux associations d’assurer l’accompagnement des victimes.
  • Octroyer des fonds pour des espaces autogérés d’écoute, de soutien et d’organisation par et pour les travailleur-se-x-s du sekse
  • Eduquer les garçons grâce à des espaces collectifs, féministes, populaires et gratuits, ouverts à tous-te-x-s, pour construire une culture du consentement.
  • Assurer que les plaintes pour violences n’entraînent pas de répercussions sur les titres de séjour.
  • Sensibiliser le grand public aux discriminations croisées et aux conséquences de la culture du vi0l.
  • Financer des mesures de prévention et des campagnes de sensibilisation publique contre les discriminations.

Défendre les travailleurse-x-s du sekse, c’est renforcer la première ligne de défense contre les violences sexistes et seksuelles. C’est refuser de laisser tomber celleux qui sont le plus exposé-e-x-s, car chaque pas en arrière les concernant ouvre la voie à davantage de violences pour tous-te-x-s.

Le 17 décembre, rappelons-le : personne ne devrait être abandonné face aux violences. Ensemble, nous sommes plus forte-x-s, et ensemble, nous pouvons briser ce cycle d’oppression.

Trouver de l’aide :

Viol-Secours aide et soutient toutes les personnes se reconnaissant dans l’identité « femme », aux personnes trans*, non-binaires et intersexes, indépendamment de leur orientation romantique ou sexuelle et de leur statut légal, dès 16 ans ayant subi des violences sexistes et sexuelles dans un passé proche ou lointain, ainsi qu’à leurs proches.

Aspasie aide et soutient les travailleur-se-x-s du sekse à Genève. Elle les accompagne dans leurs démarches administratives, sociales, juridiques et de santé. Elle met en place des espaces d’échanges. Elle se rend sur les lieux où s’exerce le travail du sekse. Elle assure des permanences d’accueil sans rendez-vous. Elle garantit un accompagnement spécifique et adapté aux victimes de violences et de traite des êtres humains.

Le Centre LAVI offre une prise en charge aux victimes d’infractions (ou leurs proches) au sens de la Loi sur l’Aide aux Victimes d’Infractions (LAVI). Il propose des consultations gratuites et confidentielles. Il soutient les personnes qui nous consultent notamment sur le plan juridique, psychologique et social. Il accompagne la prise de décision dans le respect des choix de nos bénéficiaires.


Vocabulaire :

  • Femme* : désigne toutes les personnes susceptibles de subir des violences patriarcales, et inclut les femmes, les personnes transgenres, personnes non-binaires et intersexes.
  • Slutshaming : stigmatiser, critiquer ou humilier une personne, souvent une femme, pour son comportement sexuel perçu comme « immoral » ou « inapproprié ». Cela inclut la honte infligée à une personne en raison de sa seksualité, de ses choix en matière de seksualité, ou de son apparence physique, souvent liée à des normes sociales et culturelles strictes sur la manière dont les femmes doivent se comporter ou être perçues seksuellement.
  • Putophobie : stigmatisation, dévalorisation ou haine envers les personnes exerçant le travail du sexe en raison de leur profession.
  • Néo-abolitionniste : se distingue du mouvement abolitionniste, qui défend l’abolition des lois encadrant le travail du sexe. Le mouvement néo-abolitionniste défend l’abolition du travail du sexe.

Sources :

  • Le prisme de la pr0stitution – Gail Pheterson.
  • On est toutes des P… !, La drôle d’humeur de Marina Rollman, 2020, France Inter.
  • Chiffres-clés : Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, Ministère chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, Edition 2023, France.
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