Texte écrit en collaboration avec Viol-Secours, Piti Pietru et Aspasie.
Ces mots résonnent avec force face aux violences sexistes et seksuelles qui continuent de frapper les travailleur-se-x-s du sekse et les femmes* en général. En première ligne d’un combat brutal contre le patriarcat, iel-x-s subissent une violence exacerbée, amplifiée par la stigmatisation et le mépris qui entourent leur métier, ce qui semble, pour certains agresseurs, leur donner un droit tacite de transgresser toutes les limites.
Le métier des personnes exerçant le travail du sekse devient une excuse pour banaliser ces agressions. Pourtant, ces violences ne sont pas inhérentes à leur profession, mais reflètent les mêmes dynamiques sexistes et discriminatoires que celles subies par l’ensemble des femmes*, ainsi que par les hommes gays, victimes de violences perpétrées par d’autres hommes.
En ciblant les personnes qui travaillent dans le domaine du sekse, ces violences s’expriment avec une brutalité exacerbée, car elles touchent des individus déjà marginalisés. Cette surexposition n’est pas un hasard. Les travailleur-se-x-s du sekse se retrouvent en première ligne dans un combat qui concerne toutes les femmes*. Iel-x-s sont les premièr-e-x-s subir les effets d’une culture du vi0l omniprésente, d’une impunité systémique et d’un mépris profondément enraciné dans la société.
Rangé-e-x-s dans la catégorie « p*te » et à l’intersection d’autres discriminations (genre, race, classe), iel-x-s ne peuvent pas jouir du statut de « bonne victime », et partent avec une longueur de retard dans la course à la crédibilité face à la justice et à la société lorsqu’iel-x-s sont victimes de violence. Le slutshaming et la putophobie touchent toutes les femmes*, mêmes celles qui ne sont pas travailleuses du sekse.
Comme dirait Marina Rollman (voir source en caption) :
Vous savez quoi, en fait j’ai fait les calculs, on est toutes des p*tes ! Il serait donc temps de montrer un peu de solidarité avec les collègues. ».
Leur lutte est universelle : les violences qu’iel-x-s subissent révèlent que la société patriarcale affecte toutes les femmes*. La culture du vi0l est présente dans toutes les sphères et se situe à l’intersection de différentes réalités sociales. Aussi, les vi0ls commis sur des travailleur-se-x-s du sekse sont les mêmes que ceux commis sur toutes les victimes de violences seksuelles : Ce sont des violences.
« Le viol concerne la violence pas le sekse. Si tu te prends un coup de pelle t’appelle pas ça du jardinage. »
Ce n’est pas parce que les organes seksuels sont impliqués, qu’il s’agit du même acte. N’en déplaise aux mouvements néo-abolitionnistes qui poursuivent l’objectif d’abolir la prostitution, les travailleursexs du sekse sont tout à fait capables de distinguer ce qui relève d’un vi0l et ce qui relève d’actes seksuels réalisés dans le cadre d’une prestation professionnelle. Ce qui les distinguent ? Le consentement.
Nous pensons que l’erreur est de constamment mettre au cœur des débats le comportement des victimes de violences seksuelles plutôt que celui de leurs agresseurs. Les agresseurs sont dans toutes les sphères sociales, il n’existe aucun “profil d’agresseur”, ça peut être le “bon père de famille”, l’ami, le frère, le fils, l’amant, le mari… Leur seul point commun c’est qu’à 96 % il s’agit d’hommes cisgenres.
Pour cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleursexs du sexe, Aspasie et Viol-Secours portent ensemble des revendications communes pour lutter contre les violences seksuelles :
Défendre les travailleurse-x-s du sekse, c’est renforcer la première ligne de défense contre les violences sexistes et seksuelles. C’est refuser de laisser tomber celleux qui sont le plus exposé-e-x-s, car chaque pas en arrière les concernant ouvre la voie à davantage de violences pour tous-te-x-s.
Le 17 décembre, rappelons-le : personne ne devrait être abandonné face aux violences. Ensemble, nous sommes plus forte-x-s, et ensemble, nous pouvons briser ce cycle d’oppression.
Trouver de l’aide :
Viol-Secours aide et soutient toutes les personnes se reconnaissant dans l’identité « femme », aux personnes trans*, non-binaires et intersexes, indépendamment de leur orientation romantique ou sexuelle et de leur statut légal, dès 16 ans ayant subi des violences sexistes et sexuelles dans un passé proche ou lointain, ainsi qu’à leurs proches.
Aspasie aide et soutient les travailleur-se-x-s du sekse à Genève. Elle les accompagne dans leurs démarches administratives, sociales, juridiques et de santé. Elle met en place des espaces d’échanges. Elle se rend sur les lieux où s’exerce le travail du sekse. Elle assure des permanences d’accueil sans rendez-vous. Elle garantit un accompagnement spécifique et adapté aux victimes de violences et de traite des êtres humains.
Le Centre LAVI offre une prise en charge aux victimes d’infractions (ou leurs proches) au sens de la Loi sur l’Aide aux Victimes d’Infractions (LAVI). Il propose des consultations gratuites et confidentielles. Il soutient les personnes qui nous consultent notamment sur le plan juridique, psychologique et social. Il accompagne la prise de décision dans le respect des choix de nos bénéficiaires.
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