Pour l’UDC, la présence de prostituées à 500 mètres des écoles est inacceptable.
Entre d’autres termes, l’UDC veut bannir la prostitution des Pâquis.
Autant interdire la prostitution dans toutes les rues du canton…
L’expérience nous montre qu’à chaque fois, les spéculateurs immobiliers sont en embuscades.
Cette affairisme effréné aura également pour effet de déplacer et de fragiliser encore davantage ces femmes, déjà très stigmatisées, en instaurant des rénovations inadaptées aux travailleuses du sexe qui n’auront alors plus d’autres choix que de partir ou d’accepter des conditions encore plus insupportables. Pour sa part, l’Unité d’action Communautaire des Pâquis (Service de la cohésion sociale et de la solidarité de la Ville de Genève), n’a reçu aucune plainte des habitant-e-s des Pâquis concernant un cas de violence ou d’atteinte à la décence perpétré par des travailleuses du sexe à leur encontre. Il semble donc que plutôt que de population dangereuse, il s’agisse d’une population «en danger».
Nous devons veiller à ce que les lois soient fondées sur des faits et non des idéologies.
Prémisses
En tant qu’experte, Aspasie, aimerait partager avec les commissionnaires les éléments suivants qui lui sont rapportés dans le cadre de son travail de prévention et de soutien psycho-social aux TS
c’est s’affranchir des contraintes structurelles liées aux «salons», c’est être une « artisane », une indépendante
Pour les plus anciennes artisanes, qui ne trouveront pas de place dans les salons, et qui ne savent que travailler dans la rue, cette loi est un aller simple pour l’hospice général.
Le refus de protéger le TS de rue n’est donc pas seulement un manquement à l’éthique, un refus d’inclure socialement les marges, mais aussi une position indéfendable sur le plan de la santé publique. En effet, l’exclusion sociale augmente le sentiment de rejet et éloigne des lieux des testing et de soins. Ce projet de loi va à l’encontre des recommandations de non-discrimination de l’ONUSIDA.
De plus, à Zurich, où des entrepreneurs immobiliers ont été très proactifs pour interdire la prostitution de rue dans le quartier 4, on observe que de nombreux immeubles ont été achetés par les mêmes entrepreneurs : ils ont transformé du loyer locatif au mois en loyer journalier usurier pour les travailleuses du sexe. Pénaliser le travail de sexe de rue, c’est favoriser le travail du sexe en salon et l’usure immobilière. A qui profite donc ce nouveau PL?
Les adultes qui ont grandi dans les Pâquis gardent un bon souvenir de leur enfance dans ce quartier. Ils n’ont jamais été perturbés par la présence des TS, au contraire des liens d’amitié se sont parfois noués.
Le nombre d’heures passées par les adolescents devant MTV / rouge TV où à observer des affiches publicitaires qui montrent sans aucune pudeur des femmes et des hommes dans des tenues et des postures audacieuses dépasse largement le temps passé à croiser des TS dans la rue aux Pâquis ? A contrario, de nombreuses TS sont soucieuses d’être sobrement habillées pour justement ne pas choquer les passants. Nombreuses sont celles qui sont aussi mamans. De surcroît, les enfants dans leur majorité ne passent pas par les rues où se trouve la prostitution de rue, mais plutôt par la rue du Môle ou de la Navigation… On peut donc légitiment se demander combien d’enfants le PL concerne, et si l’enfance n’est pas un simple prétexte.
Le rapprochement entre prostitution et deal de drogues est douteux. Les TS se plaignent régulièrement, informellement à Aspasie, formellement à la police, de la présence des dealers qui les agressent et font fuir les clients. Les TS se plaignent d’ailleurs d’un délai d’intervention de la police trop long ( >40 min). A aucun moment la prostitution n’a fait l’objet d’un problème à régler dans un PV de l’UAC des Pâquis ou de la MQP, au contraire on y trouve une cohabitation en bonne harmonie avec les commerçants et la population du quartier. L’Unité d’Action communautaire (UAC) des Pâquis dit même:
«Concernant l’UAC des Pâquis et après concertation avec mes collègues, il s’avère qu’aucun cas de violence ou d’atteinte à la décence qui aurait pu être perpétré par des travailleuses du sexe à l’encontre des habitants des Pâquis ne nous a été reporté. Les plaintes principales que nous avons enregistrées ont été celles des travailleuses elle-même : elles se plaignent notamment de l’insécurité de leur travail et du manque de protection de la police, de délais d’intervention extrêmement long de celle-ci. Il semble donc que plutôt que de population dangereuse, il s’agisse d’une population « en danger » et soumise aux violences de la rue, et donc à risque.»
L’interdiction de racoler est déjà ancrée dans le règlement d’application de la LProst (art.8) suite au règlement relatif à l’exercice de la prostitution I 3 33 arrêté par Le Conseil d’Etat de la République et canton de Genève le 6.07.1994.